1944

LES DERNIERS TEMOINS

"S'il est vrai qu'oublier est un peu consentir, alors ne nous endormons pas. Veillons à tous les moments, ne détournons pas nos yeux, de cette amère réalité qui nous écrase. C'est en cela que nous accomplirons notre devoir d'hommes…". Albert Camus, Le Soir Républicain, 1er janvier 1940.


Je suis né en Normandie, plus précisément dans la baie du Mont-Saint-Michel. Lorsque j'étais enfant, mon père aimait à nous conter ses histoires de guerre, ses histoires d'occupation. En 1944, les Normands ont payé un lourd tribut à cette page de l'histoire. Après le débarquement, de nombreuses villes ont été détruites. Beaucoup de civils sont morts sous les bombes. 70 ans plus tard, j'ai recherché les témoins de cette époque avant qu'ils ne disparaissent dans l'oubli. Ils m'ont raconté leur histoire, leur guerre, avec pudeur, avec émotion. Les larmes et le sang, les bombes et la terreur, l'occupation et la Résistance, la déportation et le travail obligatoire, mais aussi les amours et les amitiés interdites, ennemis ∝ amis ∝ amants.
Parfois, la parole est encore lourde à porter, chargée de secrets qui ne seront pas dévoilés, même 70 ans après. Parfois, la parole est libératrice, de tant de douleurs et de souffrances accumulées. Parfois la parole devient apaisante.
L'époque n'était pas à la plainte, mais au combat pour la survie et la Liberté. Même au plus profond des ténèbres, il y avait cette lueur d'espoir. La vie a triomphé de l'horreur et de la guerre, et tous ont cette phrase qui revient comme un leitmotiv,
"Plus jamais ça!"

 



Guy Gérard

"Avec Elie, on était comme des frères. Je ne peux pas comprendre le racisme."


Geneviève Marie

"J'étais très jeune, mais je me souviens parfaitement. C'est ancré dans ma mémoire à tout jamais. Je suis une enfant de la guerre."


Robert Mauduit

" Nous avons souffert, nous avons tout perdu. Pour nous les jeunes, ce n'était pas trop grave, mais pour nos parents, c'était très difficile. Mais nous avions échappé à cette hécatombe, nous pouvions nous estimer heureux."


Raymond Ciroux

"Il ne s'agissait pas de courage, mais du simple sens de l'honneur et du devoir..."



Jean-Marie Girault

" J'ai appris, dans ces ruines, que la liberté ne va pas de soi. Pour l'acquérir et la défendre, il faut souvent combattre, tenir des propos en faveur de la paix."


Carl Edouin

" Malgré le respect que je vous dois, je tiens à dire qu'en amour, je n'ai de compte à rendre qu'à Dieu!" C'est en ces termes que maman répondit au président du tribunal."


Léon Gautier

"Nous avions hâte. Notre motivation était décuplée. Nous retrouvions notre terre de France. Les Anglais nous avait laissé quelques mètres d'avance pour que nous soyons les premiers à fouler notre terre."


Nicole Deschamps

"Un enfant s'adapte à tout. Mais on ne m'avait pas dit ce qu'était la guerre. Lorsque je suis sortie des carrières, j'ai su. Les ruines, la destruction, les morts... "


Raphaël Mallard

"Revoir notre belle France. Ne pas crever dans ce coin ignoble. On ne pensait qu'à rentrer en Normandie. Cela nous a donné la force de tenir "


Elie Fleury

"Mon pèe est arrivé, seul et sans arme devant les chars américains, à la têe d'une cinquantaine de soldats russes et les deux SS, pour leur remettre ces soldats prês à se rendre. "



Yohannes Börner

" Je n'avais connu que l'Allemagne de Hitler. En Normandie, j'ai trouvé la liberté que je n'avais jamais connue. "


André Chauvin

"Ce que j'ai vu m'a fait devenir humaniste. Il faudrait que nous soyons moins égoïstes. Le chacun pour soi conduit à la catastrophe. "


Guido Garbellini

" Une bombe a traversé les 6 à 7 mères de terre et défoncé la voûte du tunnel. J'ai cru ma dernièe heure venue. Un film est passé devant mes yeux. J'ai vu défiler ma vie, mes parents, mes amis. C'était un instant terrible"


Eugène Pillet

"Le voisin avait regroupé ses vaches au milieu des batteries allemandes. J'ai du aller chercher les bidons au milieu de la miraille. Lui continuait de traire comme si de rien n'était."



Emilienne Soulard

"Les Allemands ne fusillaient pas les filles, ils les décapitaient… j'ai eu beaucoup de chance. Tous n'étaient pas favorables à Hitler… "


RAphaël Rabaey

"Quand on les voyait, cela faisait de la peine. Ils étaient sous-alimentés. Ils portaient leurs costumes de déportés à rayures noires et blanches. Ils récupéraient des sacs de ciment vides pour se les mettre sur le dos et se protéger du froid..."


Georges Brunet

"On voyait les colonnes de gars revenir du travail. Ils faisaient 100 mères en marchant, 100 mères en courant. Les gars n'avaient plus que la peau sur les os. Un SS mettait une balle dans la tête à ceux qui tombaient d'épuisement."


Nicole Deschamps

"les corps ont été remontés sur des charrettes vers le cimetièe du village, où une fosse avait été creuée sur ordre des Allemands. Sur le parcours, les gens déposaient des fleurs sur les corps. En arrivant, ils en étaient recouverts."


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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